LA FAUX SOYEUSE de Eric Maravélias.
Quatrième de couverture:
«Je suis couvert de sang mais je suis bien. Rien à foutre. Dans l’univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n’est rien. La mort n’est rien. Et moi-même je ne suis rien. Joies et chagrins se succèdent dans une espèce de brouillard confus, un ballet macabre, et rien ne subsiste de tout cela, sinon parfois, au détour du chemin, un sentiment de gâchis irréversible qui me prend à la gorge. Nos vies de parias sont comme de frêles esquifs privés de gouvernail. Sans plus personne à bord. Elles sont ballottées au creux de flots tourmentés, secouées par des vents inconnus et changeants qui les mènent à leur gré vers des côtes plus ou moins hospitalières, incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences.»
Mon ressenti:
Je referme ce livre en pleurs, sous le choc, chamboulée, perturbée, bouleversée...
Je suis envahie par un tourbillon d'émotions, des sensations qui me sortent de tous les pores, qui me parcourent le corps... impossible de lâcher prise... mon coeur cogne fort, mon estomac est noué, mon esprit digère toute cette saleté et j'ai mal....mal aux tripes! Je pense ne jamais avoir été si profondément touchée par un livre... la preuve, mes larmes coulent encore!
« Je feins, comme chaque jour, d'ignorer le miroir. Brisé. Comme moi. Capable de blesser la moindre main tendue. Comme moi. Dans ma colère et ma démence, je n'ai plus supporté de m'y voir, et quand désormais par mégarde mon reflet s'y accroche, il me renvoie une image éclatée, explosée en une multitude de fragments acérés. »
Je viens de vivre une descente au fin fond de l'enfer, une immersion totale dans la vie d'un jeune toxicomane. Cette histoire m'a fait sombrer dans cette défonce jusqu'à atteindre la déchéance humaine, la décrépitude de l'âme, l'anéantissement de l'esprit, quand la seule chose qui vous retient à la vie est « avoir sa dose », quand la seule peur qui vous tiraille est « d'être en manque »!
« Mes veines sont comme un fleuve tari, une rivière asséchée et parsemée de cailloux, où la roche affleure, une terre devenue stérile et dure. Elles forment de longues cicatrices qui ne véhiculent plus aucune vie. Ce sont les routes sombres de mon passé que mon sang a désertées. »
L'écriture de cet auteur n'est ni coupée, ni diluée, c'est la pure, de la dure tout en étant divine! Elle est si réaliste qu'elle a mis en branle chacune de mes émotions, chacun de mes cinq sens et la moindre parcelle de mes cellules. Les sensations ressenties lors de ce shoot ont été décuplées et dévastatrices, jamais je ne m'étais sentie aussi proche d'un personnage, j'ai senti le mal s'insinuer en lui, couler dans ses veines et envahir son esprit. J'ai vécu ses tourments, ses peurs et ses manques. J'ai partagé ses pensées, ses regrets ainsi que ses angoisses. J'ai été émue par son mal être, sa culpabilité, sa peine...
J'ai été touchée de plein fouet par son histoire, j'ai eu envie de le prendre dans mes bras, de le serrer très fort....et de lui dire que je l'aimais. Je dois vous avouer que je suis tombée littéralement amoureuse de la prose de cet auteur, c'est un véritable génie des mots!
On ne lit pas son livre..on le vit!